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Synapse | 2009
L’intelligence des mains en liberté conditionnelle
« Liberté conditionnelle », deux mots qui résonnent pour l’artiste-verrier Hubert Crevoisier. Il questionne: quel est le statut de l’artiste autodidacte dans un système muséal institutionnel ?
Bien que son travail artistique ait été, dès le départ, reconnu institutionnellement au plus haut niveau (Prix suisse du design 1998, première exposition personnelle au Musverre, bourses du Canton de Neuchâtel, prix Ikea) ne pas avoir pu utiliser les codes, les langages, les us et coutumes enseignés par les académies de l’art, c’est n’avoir pas eu accès aux réseaux institutionnels nécessaires à la construction d’un parcours professionnel.
L’approche du Musée Ariana : ouverture et inclusion
L’intégration de « Synapse » au Musée Ariana, le musée suisse de la céramique et du verre, c’est raconter une autre histoire. Celle d’une institution de renom qui, depuis plus de 10 ans, innove. Le Musée Ariana ouvre le dialogue à toutes et tous. L’institution invite, intègre et questionne les forces divergentes. En 2022, à partir d’un partenariat public-privé entre le Musée et l’Association AAAHC (Association amis-e-s de l’artiste verrier HC ), Hubert Crevoisier a invité le public de l’institution genevoise à découvrir les quatre points cardinaux de la couleur. Une équipe interdisciplinaire s’est constituée pour évaluer l’impact du vivant, du joyeux et du coloré sur le mieux-être d’une personne, d’une communauté et d’une société.
Une quête intuitive
« Synapse » révèle les mécanismes inhérents au processus artistique d’Hubert Crevoisier. Le verre capte la lumière du jour. La lumière, dans un environnement en perpétuel changement, se faufile dans la dimension intérieure de l’objet par les entailles meurtrières taillées dans l’objet. Accompagner la lumière dans les profondeurs pour allumer l’Espace de la couleur chartreuse, celle des premiers bourgeons du printemps, est un processus de précision. Rien n’est dû au hasard. « Je me souviens parfaitement des origines de création de l’objet. A l’époque, je ne savais pas encore que mon cerveau était câblé d’une manière différente », raconte l’artiste. Comme toutes ces personnalités neuro-divergentes, la vie me confronte à des obstacles majeurs. Créer un objet. C’est comme créer un projet. C’est agir. Pour voir et penser. Autrement ».
Sculpter la matière : un travail sensoriel
Pour Hubert Crevoisier, s’emparer de la matière, ce n’était rien d’autre que l’absolue nécessité de « faire autrement » pour sculpter la plasticité de son propre cerveau. Dans « Synapse », le processus d’arracher la superficie noire et opaque pour créer des entailles était un processus mécaniquement violent. Il se remémore : « Je me souviens particulièrement bien de la précision et de la souplesse de mes mains qui estompaient les chocs abrasifs de la meule diamantée. En permanence, c’était « ça passe ou ça casse ». Que l’objet n’aie pas explosé en 1000 morceaux reste, aujourd’hui encore, un pur mystère. »
Tricoter la matière
Avoir donné, en 2009, le mandat à mes mains de travailler avec dextérité et intelligence pour allumer l’Espace de la couleur chartreuse tout en maintenant l’intégrité physique de l’objet “Synapse”. C’est ce que j’appelle aujourd’hui « Tricoter la matière » pour maintenir la cohérence globale en soi.
Le Musée Ariana, Musée suisse de la céramique et du verre à Genève, explore et s’emploie depuis de nombreuses années à rendre ses collections et ses expositions accessibles à toutes et tous. Dans ce cadre, il accueille ou travaille en partenariat avec des publics variés, enfants en bas âge, adolescent-es ou personnes âgées, migrant-es, étudiant-es, mais également personnes en situation de handicap ou de maladie